J’ai utilisé une typo sans empattements pour évoquer la stabilité.
Et puis je met du rouge car je suis en colère.
Cet article est juste un article. Le web, un espace de discussion. Cet article est juste le reflet de questionnements internes. Peut-on publier des doutes ? Peut-on gérer son « personal branding » en mode raloulou ? ».
Cet article, chers lecteurs, va être un exutoire sur quelques pratiques que je considère comme « agaçantes » et qui me travaillent un peu trop. Parce que je suis baigné dans ce monde d’image, de réseaux sociaux, depuis bientôt 15 ans. Ces propos n’engagent que moi et mon cerveau. Ce site est certes une vitrine pour mon travail, mais cette partie blog m’amuse finalement assez. Cet exutoire à toute fin utile est assez bordélique. S’assumer et publier du contenu, lisible et risible par je ne sais qui, ce n’est pas si facile quand on essaye d’être honnête et de prendre du recul. Passer de la création graphique à l’écriture, repenser au figures de styles et tenir le rythme. Une fois tout les 15 jours, trop ambitieux. un post par mois ou tout les deux mois, plus réaliste. comme d’hab, je m’égare. revenons à notre colère. Des choses agaçantes et une bonne dose d’introspection. Presque 15 ans de grotte, ça questionne sec.
Donc après avoir tester les intelligences artificielles, j’ai repensé à l’image ci-dessous ou je demandais à une IA de me créer un logotype pour un studio de design graphique… Après quelques jours/semaine de repos cérébral – sur cette partie occupée de mon cerveau – et quelques écoutes de podcasts, vidéo youtube, cours à la fac, boulots plus tard, mon regard et mon analyse ont changés. L’intelligence artificielle serait-elle finalement plus créative que nous ? AhAh !
Échelle de la colère 1 (jaune)
Une icône, une typo, un logo. Et ça y est, t’es graphisto.
En tout cas, je me suis dis que j’en avais relativement marre de voir passer des logotypes sans sens, ou plat de sens, vides de sens sur les différents réseaux. Une icône, une typo, un logo. Et ça y’est t’es graphisto. ça ferait un bon slogan de derrière les fagots. Une icône vectorielle, un article du pourquoi du comment, parce que tu comprends, le rouge, c’est la couleur du feu et de la colère. Et vu que tu fais dans la pose des cheminées, et bien hop. Je te met du rouge, un peu de noir, et un peu de blanc (comme dans les contes, CF Michel Pastoureau). puis je n’oublie pas de te pondre un article avec plein de mots clés pour faire croire que t’as bossé alors que c’est ton stagiaire en CM qui se cogne tout le boulot. On a plus le temps. Tout se ressemble, tout s’harmonise. Même le discours. Comment créer une réflexion libre avec des balises h1 / h2 /h3 ? Canva. Le cadre sans le contenu. Les injonctions sur la création. À l’image de nos sociétés ultra rapides, ultra léchés, ultra vectorisées, ultra faussées, ultra lissées. La machine et ces tests sur ces nouveaux outils créatifs va peut-être finalement m’aider à retrouver un peu d’humanité et donc de créativité ? Parce que cet article interroge mon propre travail. Et qu’au fond, il s’agit de cela.
Échelle de la colère 2 (orangé)
On rigole, on rigole, mais je trouve que notre métier est pollué par tout type d’injonctions. Pas plus de 2 typos hein ? pas plus de deux typos : Mais tu vas la fermer ta gueule. Désolée pour la grossièreté.
Avant, les artistes se servaient de la matière typo pour s’amuser, créer, dénoncer. (dada, poème typographiques…) Maintenant, les graphistes se servent de ces éléments pour pondre des logos ou pire des chartes graphiques ! Et dire que je fais partie de ce monde ! J’en prend un petit coup à mon égo-créatif et hop c’est reparti dans la maison des ronchonchons. Mais ou est donc passé mon côté artiste ?
Une charte graphique peut-elle être moins cadrée ?
Échelle de la colère 3 (je vois brique)
Les chartes graphiques. Ou le summum de la connerie, excusez-moi du cadre. Comment bousiller toute tentative de créativité en créant un cadre trop contraignant. Et finalement, si je déforme mon logo. Est-ce que c’est si grave que ça ? Selon pourpre.com, le rouge brique à les connotations suivantes : mat, éteint, terne, terreux, argileux, urbain, industriel. Mon orange brique évoque plutôt la quête de sens (des sens) professionnel. C’est sûrement une étape du développement d’une boîte. La fameuse colère saine.
Ami freelance, tu es peut-être passer par là.
Échelle de la colère 4 (je vois rouge carmin)
Alors celle là de râlerie ultime super combo de la mort, elle est venu de questions d’étudiants.
De mémoire, l’échange était dans ce genre:
— Alors, dites-moi, pourquoi avez-vous besoin d’un logotype pour votre boîte ?
— euh, parce il en faut un.
— OK. Et donc ? quel genre de logotype ?
— Ben, notre nom-prénom !
— ah oui, en gros vous voulez « logo-tiser » votre nom ?
— Ben…
Alors celle-ci, elle à tourner dans ma tête un moment cette question.
Pourquoi diable vouloir « logo-tiser » son nom ? Pourquoi vendre un héritage ? Pourquoi devenir un produit que l’on vend ? Mon nom-prénom c’est Marie Cellard, graphiste certes, mais pas que ! Rien que d’y penser, ça me fout mal. Le digital nous permet de créer des pseudonymes. N’est-ce pas là une des premières briques de la créativité ? Nous nous servons au quotidien de la matière typographique. Jouons aussi sur les mots. NiaksNiaks à la niaque ! NiaksNiaks dans ta face. Bim Bam Boum !
Et le ponpon de la non créativité est attribué à… Roulement de tambours…. La cerise sur le gâteau de la non créativité J’ai nommé la recherche google. Ou quand tu tape quelque chose, tu ne tombe pas sur un gars qui à réfléchi pendant 20 ans sur tel ou tel sujet. Non, tu tombes sur un fucking site, bien marketer, bien référencé qui va te niquer ton boulot. Tout ça pour te dire que le rouge, c’est la couleur de la colère. Merci bien.
En plus, ils chapardent allégrement le travail d’autres en usant de leur propres référencements (CF article de graphiste.con avec Emmanuel Correia et autres formateurs du net en guests de leur article.)
Quand tu sais comment fonctionne gogole et ses fucking mots clés et bien, ça fait réfléchir.
Revenons à nos étudiants qui ne sont pas dans le domaine graphique, au fond, ils ne sont pas spécialistes. Donc, il vont potentiellement tomber sur les sites ci-dessus. Et peut-être vouloir ce que la société lissé d’internet leur propose : un monogramme. Avant les monogrammes c’était pour les artistes. Aujourd’hui pour les marques. Et maintenant pour notre Personnal branding.
Jamais au grand jamais, je ne logotiserai mon nom-prénom. Cellard Marie en logo ? Plutôt mourir.
NiaksNiaks restera niaksniaks et pourra donc se réinventer en toute tranquilité au besoin.
Je ne vendrai pas mon âme au dictat d’internet et à cette pensée unique.
Mon image ne se joue pas dans un logotype en mode egotrip, mais bien dans mon rapport aux autres, dans mon professionnalisme, dans ma capacité à rendre les boulots confiés en temps et en heure. Dans ma capacité à essayer d’être humble. Il y a des boulots vraiment plus essentiels que le mien.
I’m a poor lonesome graphic designer, I’ve a long long way from home…
No logo for my name. Save my name, save my name. ça c’est pour la ref musicale.
Échelle de la colère 5 (je vois rouge sang)
Les logotypes institutionnels… Mais bon sang. Pourquoi ?
Faits en interne ? Par soucis d’économie. OK. Je comprends. Mais à ce moment là, si c’est une question de gros sous, garder votre ancien logotype. ça vous évitera de balancer toutes vos anciennes plaquettes et de refaire vos stickers voiture. C’est de l’argent public quand même. Mettez plutôt des sous dans les écoles. Bon le logotype de la ville du Chambon-Feugerolles. Mon dieu. Mais que c’est-il passé ? (Vous pouvez aussi lire aussi attentivement la charte graphique.) L’apothéose ou comment mettre du sens là ou il n’y en a pas. un trait bleu représente l’ondaine. « LL » vertical les notions de nature, de relief et de mouvement. Désolé, je ne voit pas. À première vue, c’est aussi plat que tous les logos en flat design institutionnels. Et que dire du monogramme LCF sans aucun lien avec la typographie. Trop de signes, tue le signe. Parfois, réellement Less is more. Et travaillez avec des pros. Please.
Bon je suis en train de finir un gros projet avec plein de logotypes à mettre sur plein de supports.
Donc forcément, la matière avec laquelle je travaille questionne aussi ce jugement.
À force de voir le même genre de logotype tout au long de la journée, ça pique les yeux.
Encore une fois, cette article est une matière à réflexion.
Avons-nous encore le temps de créer, de prendre le temps de créer dans nos métiers ?
Je pense encore que le temps de la création est un temps très long. Et dans un monde speed, comment créer ? Et que créer ? Les méandres, je vous l’avais dit.
Échelle de la colère 6 / noir c’est noir
C’est pas nouveau, mais je déteste par dessus tout les plateformes type graphiste.com, vistaprint, fiver ou plus récemment trouvé 5euros.com (je crée des logos pour 5€, mais ou va-t-on ?). Comme je le disais au dessus, pour vivre, ces plateformes font bosser les autres, à coup de lance-pierre. Une autre question du moment, je me demande si nous autres graphistes freelances, ne sommes pas les esclaves du XXIe siècle. ou en tout cas ouvriers du XXIe siècles. Esclaves c’est un peu fort. Ouvriers. Ouvriers caché derrière leurs écrans qui créent des communications de toute façon éphémères. On se dit créatifs. Mais au final que crée t-on ? Une énième brochure qui finira dans la rue à voler telle une tumbleweed, ou « herbe qui tourne » dans le désert américain ? Est-ce vraiment ça la création ?
Et puis, des graphistes, c’est pas comme des plombiers ou des soudeurs. Tu secoue un arbre, il en tombe 50, 100, 200. L’un est pas dispo, hop tu prend un autre. Et hop tu en prend un bien frais, qui sort de l’école et qui se bradera pour avoir le job. Sans oublier, les graphistes en mode loisirs-amateurs qui ne nous simplifie pas trop la vie. Et les graphistes à l’autre bout de la planète. Je ne sais pas si mon métier tiendra longtemps à ce rythme.
Honnêtement, je penses qu’il y’a trop de graphistes sur terre. Fermer les écoles de com, ouvrez des écoles de sens. Graphiste = Environ 2 000 000 de résultats sur Linkedin. Et Marie Graphiste : 23 000 Résultats. Mon dieu mais quelle concurrence ! Jetables à souhait. Inter-échangeables.
Échelle de la colère 6 / vient le temps des larmes
La colère, cache bien des secrets. Et notamment la tristesse. Tout ce flot d’images engrangées.
Tout ce temps passé (gâché ?) devant un écran. Toutes ces recherches d’images. La reconversion est peut-être proche. Ou le fameux pas de côté. Si ça ne passe pas à gauche, essaye à droite. Et si ça ne passe pas à droite, ressaye à gauche. Ça finira par passer à force.
Tout ça pour dire, que la création, c’est comme le vélo, ça s’entretient. Et que si tu n’as pas une hygiène de vie créative, et ben tu oublie et puis tu flippes un peu de reprendre.
Bientôt 15 ans de niaks et cette solitude de grotte qui interroge.
S’afficher sur les réseaux. C’est s’exposer. La parole, le temps long a-t-il encore un sens à l’heure du tout image et du tout, tout de suite ?
Et quand tu es cuspide, ça te pose de gros problème de sens. Mais ça sera pour un prochain article.
Quand la saine colère aura agit. La quête de sens, la quête des sens.
S’il fallait une conclusion : quand tu as un esprit bordélique bouillonnant, et bien c’est dur de faire des articles bien écrits, bien « comme il faut », bien dans les bonnes pratiques. Mais c’est pas grave. Je m’en fout pas mal. Je n’ai dans cette espace, rien à prouver. Tout à créer. I’m free !